lundi 23 janvier 2012

Мелодия для шарманки (Muratova) it's a wild, wild world...****


On a retrouvé il y a quelques semaines dans une gare du fin fond de l'Ukraine un ancien candidat au poste de gouverneur de l'Arizona. Kira Muratova, a trouvé elle deux gamins fugueurs dans la même région. Ce qui est moins étonnant, mais bien plus sordide. Les deux gamins, une fillette et son jeune frère se retrouvent sur le pavé après la mort de leur mère et tente de survivre dans l'indifférence générale.
Contrairement à ce que le sujet pourrait suggérer, point de misérabilisme ici. L'épopée des deux gamins prendrait même une tournure initiatique, si l'aventure de mène à rien de positif. C'est un conte de Noël pour les mécréants et les réalistes. Nul doute que nous sommes pour la plupart enferrés dans nos égoïsmes, sinon de telles histoires n'arriveraient-elles pas, ou du moins nous paraitraient-elles improbables. En dépit de l'aspect tragique de "mélodie pour orgue mécanique" ne nous brise pas le coeur. Le film est porté par l'humour et la vivacité des deux gamins. Il ne ressemble pas vraiment à ce que je connais de Muratova, mais sa filmographie comporte déjà des oeuvres très différentes les unes des autres.
Il faut saluer avant tout deux très jeunes interprètes dotés d'un talent formidable et une épatante direction d'acteur. Peut-être inspireront-ils quelques trucs de survie au politicien américain devenu apprenti SDF en Ukraine ?

vendredi 20 janvier 2012

О чем еще говорят мужчины (Dyachenko) Trompé de cible **

De quoi (d'autre) parlent les mecs ?
Ces 4 lascars sont bien sympathiques. La troupe Kvartet И nous a bien amusé il y a deux ans avec une première comédie sur le thème "De quoi parlent les hommes". Mais cette séquelle nous laisse froid, car elle n'a qu'une ambition : vous piquer 300 roubles au moment des fêtes, lorsque votre coeur généreux est le plus affamé d'humour.
Ces 4 mêmes bougres célèbrent le réveillon du 31 à nos dépends, avec une idée profondément stupide : ils sont enfermés dans un bureau à attendre qu'on vienne les buter parce que l'un d'entre eux à manqué de respect à l'épouse d'un mafieux. Une vraie salope, soit dit en passant. Est-il vraiment besoin de le préciser ? Les dames le sont toutes plus ou moins, aux dires du quatuor. Qui nous rebalance sans scrupules les mêmes grosses vannes qu'il y a deux ans, avec moins d'entrain et plus de pesanteur. Vous me suivez ? Passez donc votre chemin, il n'y a rien d'intéressant à voir.
Nos personnages s'emmerdent à l'écran dans l'attente de leur mort, et nous les spectateurs, nous nous ennuyons d'autant plus. Le manque d'inspiration tente de se dissimuler sous des personnages secondaires aussi ridiculement mal écrits que joués. Freud et Tolstoï sont convoqués pour apporter leur caution "intellectuelle" à 4 gusses empêtrés dans des imbroglios vaudevillistes d'une banalité totale. Les phallocrates sont fatigués de tromper leurs épouses à tout va, et nous de leurs conflits internes. Leurs épouses sont d'une stupidité irréelle. Quelques passages croustillant cependant. L'un, très visiblement inspiré de Bunuel, où (voir photo) notre quart de héros se trouve sociologiquement disséqué avec son étudiante devant un amphi plein d'étudiants benêts. Un autre voit l'acteur Efremov interpréter avec un plaisir évident un pope souhaitant à une assemblée de flics véreux une année "pleine d'immigrés sans papiers, de conducteurs bourrés...". Troisième et dernière séquence amusante : une cérémonie d'anti mariage ou la mairesse commande aux non époux "de vivre longtemps heureux hors du mariage, sans les infâmes anneaux et les engueulades inéluctables".
Et moi je vivrai simplement sans plus écouter ce dont "parlent les mecs".

Generation П (Guinzburg) retrosatire ****


Viktor Guinzburg a mis une décennie pour adapter l'inadaptable, c'est à dire le roman "Génération P" de Viktor Pelevine. Il s'en sort bien, car le film est regardable, C'est véritablement un exploit de parvenir à mettre en image les délires mystico philosophiques de Pelevine sans sombrer dans le ridicule. C'est aussi infaisable que d'adapter le "Maître et Marguerite" de Boulgakov. Malgré tout, il y a des trouvailles visuelles intéressantes, une bande son très adaptée, et une profusion d'acteurs donnant tout ce qu'ils peuvent pour sauver ce film de l'enlisement. A voir pour la reconstitution à tantôt délirante, tantôt réaliste des folles années 90. Et pour comprendre la rapacité des années 2000.