mercredi 26 septembre 2012

"Birobidjan, Birdobidjan", documentaire de Marek Halter ***

Mardi 25 septembre 2012 a eu lieu la première russe du curieux film où Marek Halter se rend dans la "Région Autonome Juive" créée par Staline en 1932 et portant toujours ce nom dans la Russie de Poutine. Il a retrouvé là-bas une poignée de fervent défenseurs de la culture Yiddish, et partage avec eux la nostalgie d'une époque à jamais disparue, lorsque onze millions de Juifs parlaient encore cette langue.

Beaucoup d'images d'archive et beaucoup de parlote, mais le sujet est suffisamment fort et intriguant pour qu'on le regarde de bout en bout. Ce qui est très curieux, c'est qu'on voit finalement peu d'images du Birobidjan actuel, comme si Marek Halter était mal à l'aise avec la preuve de la disparition. N'y étant jamais allé, je n'oserai le contredire, mais j'ai du mal à croire qu'il reste beaucoup de signes du Yiddish dans ce coin désolé à la frontière de la Chine.

Encore plus singulier, le soin que prend Marek Halter à gommer tout antisémitisme chez Staline, qui aurait finalement eu une bonne idée en décidant de "régler la question juive" une fois pour toute en envoyant tout ce que l'URSS comptait de Juifs dans une zone désolée "non infestée d'antisémitisme". Il s'agissait surtout de les éloigner, de leur coller une pioche dans la main pour qu'ils défrichent une terre ingrate. Loin de la description idéale, il faut rappeler que des synagogues ont cramé là-bas aussi et que le vandalisme se manifeste ponctuellement.

Mais Marek Halter préfère se lamenter sur le fait que dès qu'ils en ont eu la possibilité, les Juifs sont rentré en Russie Européenne et surtout on massivement émigré vers Israël. Comme toujours chez cet écrivain passionné, on sent qu'il prend ses désirs pour des réalités, des désirs parfois franchement saugrenus.

Le film a déjà été diffusé par la France 5 en février.

vendredi 21 septembre 2012

Moscou envoie le Tigre Blanc ("Белый тигр") aux Oscars

Pas de de scandale cette année, probablement grâce au fait que Mikhalkov n'avait pas de bouse à proposer pour représenter le cinéma russe. Le jury a été quelque peu renouvelé, avec des noms honorables comme ceux de Zviaguintsev, Sokourov, Todorovsky, Tchoukhaï, Bodrov et Kontchalovsky. Et Mikhalkov, bien sûr. C'est donc le "Tigre Blanc" de Karen Chakhnazarov qui ira affronter les autres films "en langue étrangère" au plus célèbre festival américain. Un énième film de sur la Grande Guerre Patriotique. 
Notez que les dix autres films russes en compétition étaient :
La Maison - "Дом" Олега Погодина, 
"Кококо" Авдотьи Смирновой, (trop banal)
Faust - "Фауст" Александра Сокурова (trop herméneutique)
Orda - "Орда" Андрея Прошкина
Portrait au Crépuscule - "Портрет в сумерках" Ангелины Никоновой (à mon avis le plus original de la sélection)
Sibérie. Mon amour - "Сибирь. Монамур" Славы Росса
Chef d'orchestre - "Дирижер" Павла Лунгина (pas au mieux de sa forme)
Vissotsky - "Высоцкий. Спасибо, что живой" Петра Буслова, (on l'a échappé belle !)
Match - "Матч" Андрея Малюкова 
Chapiteau Show - "Шапито-шоу" Сергея Лобана. (Certainement trop ésotérique pour franchir les frontières)