mardi 15 décembre 2009

Tsar, de Pavel Lounguine ****


Ivan le Terrible est parmi nousTrailers (Трейлеры); Photos du film (Кадры из фильма)

Où est passé l'humour et la légèreté des précédents chefs d'œuvre de Lounguine? Svadba, Familles à vendre... Pfuit... disparue ! Avec Tsar, le cinéaste poursuit dans la ligné de l'île (Ostrov) sur une thématique historique, sur le pénible rapport à l'histoire des Russes. Sur la culpabilité, sur le pouvoir absolu et la corruption absolue qui en découle. Mais Lounguine dit-il quelque chose de vraiment nouveau en narrant le délire paranoïaque d'Ivan le Terrible, manipulé par un entourage de criminels ? Beaucoup y ont vu un message politique adressé au Kremlin. Si c'est le cas, c'est un message ambivalent. Car le caractère du (véritable) chef d'Etat russe ne ressemble en rien à celui du Tsar campé par ce fêlé de Piotr Mamonov. Poutine rappelle davantage l'Ivan de Eisenstein, qui évoquait timidement Staline. Ce dernier a d'ailleurs manqué faire la peau à Eisenstein et détruire le film. Le Kremlin n'a nullement cherché à entraver la production ou distribution du Tsar de Lounguine. Ce film n'a rien de sulfureux, à la différence d'Oligarque (2002 - brûlot anti Kremlin sorti en France sous le titre "Un Nouveau Russe").

Sous l'angle cinématographique, Lounguine n'a depuis longtemps plus rien à prouver. L'interprétation est soignée (un peu surjoué toutefois, cela fait partie du charme du cinéma russe). À l'exception du personnage de la compagne du Tsar, désagréablement bâclé. Ce qui surprend de la part de Lounguine qui peaufine habituellement les seconds rôles. La photo est très soignée, il n'y a pas de longueurs. Les scènes de torture sont péniblement réalistes. Mention spéciale à l'ours, avec un duel homme/ours particulièrement réaliste et impressionnant. Bravo aux acteurs, aux dresseurs et surtout à l'ours ! Les décors offrent une des meilleures reconstitutions de la Russie médiévale qui ait jamais été imprimée sur pellicule.

Lounguine continue de figurer parmi les meilleurs cinéastes russes actuels. Dommage que l'humour ait radicalement disparu de ses réalisations, c'était une des principales qualités de cinéma. Et un domaine où personne en Russie ne lui arrivait à la cheville.

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