jeudi 8 décembre 2011

Елена (Elena) Descente réaliste ****

Heureusement qu'il existe, ce Zvyagintsev, pour remonter le niveau du cinéma russe cette saison. Elena marque un changement de ton dans l’œuvre du cinéaste. On revient en Russie, la vraie Russie d'aujourd'hui, celle, urbaine, de Moscou, avec une problématique sociale et une peinture crue des rapports humains. Ce n'est pas un beau tableau.

Elena la cinquantaine, épouse de Vladimir, homme fortuné et en mauvaise santé, et subvient aux besoin de la famille de son fils Sergueï, qu'elle a eu d'un précédent mariage. Vladimir s'irrite d'entretenir à travers Elena Sergueï, dépeint comme un homme veule et fainéant. Pivot du film, Elena défend les intérêts de son descendant avec tant de pugnacité qu'elle va jusqu'à commettre l'irréparable.

Terminé les long travelings, les paysages. Le rythme reste lent, la photographie extrêmement soigné et dans les tons sombres des films précédents. On reste presque tout le temps enfermé dans un appartement au design moderne et impersonnel, évoquant une suite de Radisson. Un appartement très peu russe, très peu "nouveau russe". Mais la Russie apparait dans toute sa décadence à travers la désolante situation de Sergueï et son voyou de fils. Les hommes n'ont rien de réjouissant, ils exploitent les femmes en tout. Elena occupe le rôle de servante et non d'épouse. Femme russe archétypale, elle accepte sans moufter, encaisse, mais manifeste une volonté de fer. Elle mène la barque dans cette pièce de théâtre admirablement "cinématisée" par le cadrage léché et les prises de vue aux angles inhabituels. Zvyagintsev montre avec Elena qu'il peut travailler dans des registres divers tout en gardant un style parfaitement personnel.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire