mercredi 7 avril 2010

De quoi parlent les hommes (2010) ****


"О чем говорят мужчины" est une comédie d'essence soviétique, bourrée de clins d'œil aussi ésotériques pour l'Occidental qu'ils sont évidents au sovok (personne née en URSS), même de bas âge. Dmitri Dyatchenko et Rostislav Haït ont imaginé une comédie assez réussie mais prévisible, jonglant avec les clichés du vaudeville russe et pour cette raison difficilement exportable. 4 amis mâles juste en dessous de la quarantaine partent ensemble en voiture de Moscou à Odessa pour un week-end de bacchanales. Un seul d'entre eux n'est pas marié (il répète plus souvent qu'à son tour : "c'est pour cela que je ne me suis pas marié").Les compères s'échappent de leurs couples respectifs pour rouspéter tant qu'ils peuvent contre les bonnes femmes. Et de deviser sur l'impossibilité et du grand danger qu'il y aurait à ne pas tromper sa femme. Une vision mâlocentriste, totalement phallocrate et décomplexée de la question, le genre de film qu'il est absolument impossible de tourner en France. Je m'imagine sans peine la vague de haine qu'un tel film soulèverait dans l'hexagone, où de tels discours ont disparus des grands écrans depuis 30 bonnes années. La Russie ayant émoussé au fil des années ma sensibilité au "politiquement incorrect", j'ai beaucoup rit et me suis un peu ennuyé aussi car le "road-movie" n'est pas du tout une spécialité russe et le film manque de rythme. La réflexion n'est pas poussée bien loin, car nos quatre hommes sont tous bien dans leur peau et ont accès sans peine aux dessous de jolies filles deux fois plus jeunes qu'eux.

La culmination du film est un fantasme de Haïm (avec gros clin d'oeil à Fellini) où il fête son anniversaire sur un bateau. Les invités : toutes les filles avec qui il a couché. Elles sont rayonnantes, l'adorent. Au cours de la célébration, il prend le micro et leur présente... son épouse "certaines d'entre vous ignoriez même son existence" lâche-t-il, sans ironie. L'épouse légitime est attendrie de tant d'honneurs. Tombant nez à nez avec sa meilleure amie, elle ne reproche à Haïm que de l'avoir trompée dans un hôtel proche de son domicile ("j'étais en vacances à ce moment-là") alors qu'il aurait pu économiser l'argent de la chambre pour lui acheter une fourrure...

Nos quatre larrons sont bien portants, ont de bonnes situations et des épouses fort sexy. Mais ils ne s'en contentent pas, car ce sont des russes. Et oui ! Quand on a du fric en Russie, on couche avec tout le monde, sauf sa légitime. La fidélité est une chose incongrue. La tentation est trop grande et les demoiselles ont la jambe légère devant "un vrai homme". Denrée rare, sans doute ? Toujours est-il que nous autres occidentaux observons les doutes et les frustrations de ces quatre machos avec envie : si seulement nous avions leurs problèmes...

lundi 5 avril 2010

Fiancée à tout prix (2010) hilarant ! ****


C'est la comédie dont nous avions besoin pour nous réconcilier avec le genre léger. Si vous n'explosez pas une dizaine de fois pendant ce film de Dmitri Gtrachev, de deux choses l'une : soit vous êtes un pisse-froid incurable, soit vous êtes trop loin de Moscou pour comprendre. Невестой Любой Ценой transpire du cynisme et de l'arrogance baignant Corporate Russia. Comme le résume notre héro interprété par Pavel Volya, "Je n'ai pas changé : je suis prêt à marcher sur la tête de n'importe qui, je suis prêt à tout pour arriver à mes fins". Egoïste brutal et totalement décomplexé, son seul conflit interne tient lieu entre la satisfaction de ses besoins libidineux et son objectif professionnel. Entre sauter la copine de l'oligarque-mafieux investisseur principal et se faire élire vice-président, il choisit la blonde (et son infect clébard de poche). Pendant ce temps, son alter ego féminin (Lubov Tolkanina, dans une performance pas loin d'égaler la Nicole Kidman de "Prête à tout") manœuvre entre les lits pour lui piquer sa place.
Le thème des "Liaisons Dangereuses" plane derrière ce film, pour la énième fois, sans lasser cette fois-ci. La cruauté du personnage principal n'est même pas masquée par le rire. Il est tel qu'il est, ne s'en cache pas, et cette absence complète d'hypocrisie rachète ses fautes. Après tout, l'auteur n'a pas cru bon - et on l'en remercie - de coller une fin moralisatrice, ni même une happy-end. Ce n'est qu'un cycle. Faites juste en sorte de ne pas laisser votre copine à portée de Pavel Volya.

Montage ultra rapide, caméra à la Guy Ritchie, enfilade de gags à la Jim Carrey, Невеста любой ценой décoiffe aussi sur le plan formel et vole nettement au-dessus du reste de la production de comédies légères russes. L'influence évidente de Jim Carrey sur Pavel Volya est plutôt une bonne chose, car elle apporte un plus et ne tombe pas comme un plagiat collé sur une mauvaise bobine. La musique est trop présente, mais elle n'est pas là pour vendre un disque, elle est utilisée au second degré et se distingue aussi par sa cohérence (2 groupes jouent des morceaux spécialement composés pour le film, tous chantés en anglais).
Du cinéma cynique pour moscovites cyniques.