mercredi 16 août 2017

Теснота (2017) Caucase : plaies à tous les étages ****

Une famille juive modeste, un fils enlevé par des bandits, une fille rebelle flirtant avec un musulman. Le décor est planté à Naltchik, Kabardino-Balkaria, en 1998. À côté, les des combattants tchétchènes égorgent leurs otages russes comme des agneaux. Un climat de violence et de méfiance plane sur tout le Caucase. Comme dans le dernier Zvyagintsev, les victimes sont livrées à elles-mêmes. Pas de secours à attendre de l'État, de la police ou de la collectivité. On n'est pas dans Roméo & Juliette, mais il faut faire face à des choix cornéliens. Je me sacrifie pour libérer mon frère ou je refuse d'être une marchandise ?



Telles sont les questions posées par le tout jeune réalisateur Kantemir Balagov, 26 ans, dont c'est bien sûr le premier long-métrage. Il filme la petite histoire, et la grande. En fait, ce sont des poupées russes. À l'intérieur des conflits interethniques irrésolus du Caucase russe, les conflits interfamiliaux. Et finalement, les conflits à l'intérieur de l'individu.



Balagov est lui-même Kabarde. Il connaît la "promiscuité" (Теснота) décrite dans son filme. Il semble guidé par l'idée que les stéréotypes ethniques se fondent sur la projection de fantasmes nés de conflits internes à l'individu. Il l'a observé lui-même : quand un Juif se comporte comme un Kabarde, et quand un Kabarde se comporte comme un Juif... C'est donc un film simplement humaniste dans un Caucase qui l'est de moins en moins.