samedi 21 août 2010

Soleil trompeur 2 (2010) Un ratage ébourriffant *

Nous n'avons pas vu en Russie la même version qu'en Occident. Celle, présentée dans la sélection officielle du concours de Cannes, est plus courte, et, d'après certains témoins, mieux montée. A Moscou, rien ne nous a été épargné. Nous avons vu la version "originale" durant plus de 3 heures. Un mélo mégalomaniaque bourré de clichés et d'autocitations.

Kotov (joué par Mikhalkov) n'a pas assassiné comme l'indiquait la fin de "Soleil Trompeur" en 1996. Kotov atterrit au Goulag, d'où il s'échappe miraculeusement pour aller se battre contre Hitler. En superman soviétique, il soulève un char et réalise toutes sortes de prouesses guerrières extravagantes. Tout dégouline de narcissisme et d'autosatisfaction. Vous pensez que Mikhalkov fait du second degré ? C'est que vous ne connaissez pas le personnage.

Apparemment, c'est familial. Kotov tente de retrouver sa fille (jouée bien évidemment par la propre fille de Mikhalkov), qui réalise ce qui nous est présenté comme un exploit : elle dénude sa poitrine à un héros soviétique agonisant lui réclamant cette faveur. Une scène d'autant plus pénible qu'elle est interminable, et que le sein nous est caché !

Cette suite de "Soleil trompeur", réalisée à grand renfort d'argent public russe, avec l'un des plus gros budgets jamais bouclé pour un film russe, est l'un des pires flops du cinéma national. Tous, unanimement, l'ont trouvé nul : critique, public, milieu du cinéma. Il ne reste rien des qualités de Soleil Trompeur 1996. Plus de fraîcheur, plus de brio, rien. Rien qu'un scénario abracadabrant et une interminable masturbation.

Ce ratage n'a été une surprise que pour ceux qui, depuis l'étranger, ne suivaient pas les frasques domestiques de cette grande figure du cinéma soviético-russe. Le talent de Mikhalkov est en chute libre depuis 14 ans, à mesure que son ego et ses poches gonflaient. Mikhalkov produit, Mikhalkov fraie avec le Kremlin, Mikhalkov s'acharne à monopoliser l'argent public destiné au cinéma, torpille ses rivaux artistiques tant qu'il peut. Voilà le résultat d'une politique privilégiant les serviles aux talentueux.