mercredi 12 octobre 2011

5 fiancées / Пять невест (2011) néo soviéticon *

La demoiselle m'accompagnant a "trouvé ça chouette", ça lui rappelle "les bons vieux films soviétiques où les gens sont plein de bons sentiments" "des films que je peux revoir cinq fois". Moi, je ne peux pas. Une fois, c'est déjà suffisamment pénible. Voyez-vous ça ; 5 soldats aviateurs et camarades en 1945, stationnés en Allemagne et non démobilisés par Staline. Ils crèvent d'envie de baiser (le film voile hypocritement ce désir par une volonté de se marier), mais pas une femme à l'horizon (les Allemandes ont-elle été vaporisées ?). Alors ils décident de se marier par contumace et confient leur passeport à l'unique d'entre eux bénéficiant d'une permission. Il va devoir jouer cinq fois le fiancé, enfiler cinq bagues à cinq fiancées fidèles et débordantes d'amour, le tout en deux jours, sans niquer personne, sans voir un bout de téton.

Le plat principal (l'humour) est servi réchauffé. Ce n'est qu'une succession de gags idiots, prévisibles. Du mauvais cinéma populaire pour idiots mal sevrés du soviétisme (pardon Katia, mais tu n'as que 20 ans). Les rôles sont caricaturaux, absolument pas crédibles. Point d'invention, de fantaisie, de poésie. Point de désir sexuel.Tout ce qu'ils veulent, hommes ou femmes, c'est un mariage ! C'est l'idée fixe des femmes, elles sont dans ce film rigoureusement incapables de penser à autre chose. Seule parenthèse de réalité dans se film, l'intervention d'une punaise du NKVD, qui enquiquine un peu le héros, mais pas pas trop. Finalement, sous Staline, c'était sympa. Je manque d'humour, pensez vous. Mais comment peut on se gausser à se point de l'histoire, et du problème des centaines de milliers de femmes allemandes violées par l'armée rouge ? Or, on sait que dans la Russie d'aujourd'hui, évoquer ce thème tabou, c'est se faire automatiquement taxer de "néo-nazi" ou au mieux de révisionniste. En gros, ce film est là pour dire qu'il n'y avait pas d'Allemandes en Allemagne en 1945.

Les symptômes d'amnésie sont nombreux. D'après ce film, la guerre n'a rigoureusement rien détruit (on est en mai 1945... en principe, la fumée voile encore le soleil) mais tout le monde il est heureux et les grasses mottes de foin cachent l'horizon. Pas un éclopé, pas un blessé, personne n'est ravagé par le chagrin, pas un ennemi, pas un collabo, pas un rescapé des camps... Pas un seul plan sur les ravages des boches en terre slave. RIEN! l'action se passe à Smolensk, où la population soviétique a horriblement morflé. Le genre comédie légère n'oblige pas cacher frénétiquement toutes les émotions négatives. Sinon, on choisit un autre cadre temporel.

La déconnexion totale de la réalité a quelque chose d'insultant pour la mémoire. Nous parlons d'une des guerres les plus massives et les plus atroces de l'histoire de l'humanité, et pas une seule stigmate sur la pellicule. Cette comédie révisionniste avilit le cinéma russe, car elle sort dans un contexte de mépris global de la réalité historique, de déni des horreurs et injustices de Staline (ceux qui ont vu l'Allemagne de trop près, héros ou pas, hop, direction Goulag), et de néo stalinisme rampant... Alors ce film, qui ne m'a pas fait rire une seule fois, ce film pue.

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