Un garde-pêche droit dans ses bottes tente de faire respecter l'ordre dans une région pauvre et isolée du grand nord russe. Tous le détestent pour sa rigidité martiale, et, en retour, il déteste tout le monde, jusqu'à son épouse et sa fille.
Une épouvantable mésaventure l'oblige à se remettre en question et réveille en lui les sentiments de culpabilité et une empathie depuis longtemps enfouie sous le mépris.
L'acteur vétéran Alexeï Gouskov porte le film sur ses solides épaules. Les seconds rôles sont soignés et le récit admirablement conduit par le réalisateur Viktor Dement. Les amateurs de photographie léchée et de vastes étendues septentrionales sauvages apprécieront le travail d'Andreï Naidenov
Ce qui caractérise ce film et lui donne sa singularité, c'est le retournement final. D'une tristesse insondable, il bascule vers à la rédemption et le pardon. Sans message religieux, ni sous-entendu emprunté d'un autre récit politico-messianique. Le processus se déroule à l'intérieur du personnage principal, de manière manière étonnante, mais en même temps plausible. Il serait donc abusif de parler d'un "anti-Leviathan". L'espoir est en chacun de nous - du moins chez ceux qui ne sont ni corrompus ni cyniques, suggère Dement. Un message salutaire pour la Russie d'aujourd'hui.
Il n'a malheureusement pas été entendu. Deux mois après sa sortie en Russie (3 décembre), le film a fait 4 235 entrées avec 45 copies, pour des recettes n'atteignant même pas 10 000 euros. Dérisoire. Le public russe continue de bouder le bon cinéma national. J'ignore si des efforts promotionnels adéquats ont été déployés. L'existence de ce film n'est arrivée à mes oreilles qu'après que les distributeurs français m'aient contactés. L'avenir de ce film est donc entre les mains du public étranger. Il a déjà obtenu le Prix du public ainsi que celui du Meilleur premier film en 2015 au Festival du cinéma russe de Honfleur.
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