Second exploit, Manski a pu diffuser son film dans quelques salles moscovites, malgré une circulaire menaçante du ministère de la culture de Moscou. Plusieurs salles ont décliné, d'autres ont eu le courage de projeter ce film au public. Moscou craint-il le courroux de PyongYang (extrèmement mécontent évidemment d'avoir été piégé) ou s'est elle effrayée qu'on puisse tracer des parallèles avec la propagande russe ?
Sous les rayons du soleil suit le quotidien d'une jeune fille nord coréenne sous les conseils obtus d'un commissaire politique et d'un groupe de propagandistes sous doués. Manski ne nous épargne pas les répétitions, les prises ratées et le lavage de cerveau allant de pair avec l'imbitable idéologie "Juche" s'infiltrant dans tous les recoins de l'existence. C'est assez pénible et soporifique.
L'un des aspects les plus réussit du film est la capture des émotions de la jeune fille, quand son esprit lutte contre le lavage de cerveau et contre le desespoir d'une vie totalement morne. Les adultes portent tous un masque Juche excluant toute émotion sincère.
Manski réussit une belle photographie entre les images volées et les cadres pompeux, les travellings astucieux et les gros plans insidieux. Ayant moi-même mis les pieds en Corée du Nord, j'imagine l'étroitesse du contrôle sur l'équipe russe, car les plans volés sont rares et la saleté, la misère et l'arriération du pays se voient finalement assez peu dans le montage final.
Le point noir du film est sa musique originale : un quatuor à corde jouant une partition romantique larmoyante et sans imagination, qui aurait pu accompagner un documentaire sur la Baltique, mais certainement pas les coulisses d'un monde à la fois cauchemardesque, exotique et totalement gris. Par contraste, les percussions traditionnelles nord coréennes entendues lors des leçons de danse sont infiniment plus riches et illustratives du propos.
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