dimanche 14 octobre 2012

Alien (Чужая, 2010) Voyage au bout de nuit ****

En raison de la pénible saturation du thème de la seconde guerre mondiale dans le cinéma russe, je fais une petite pause pour parler d'un film sorti en 2010 dans une relative indifférence, non méritée. Alien contient également un forme d'exutoire du passé, mais celui-ci est plus proche : les chaotiques années 90.
Alien est une prostituée ukrainienne travaillant à Prague, dont le tueur de frère, arrêté par la police ukrainienne, risque de baver et de faire tomber quelques huiles. Pour empêcher ça, un groupe de criminels est chargée de la ramener vivante à Kiev, comme garantie pour que le frère ferme sa gueule. Mais Alien s'avère être d'une férocité et d'une intelligence inégalée, plongeant les opérations dans le chaos et la violence.

Violence est un mot-clé de ce thriller mafieux très réussit. De bout en bout, la noirceur ne fait qu'épaissir, grâce à une réalisation magistrale, à des dialogues pertinents et à un choix d'acteurs très précis. Il y a du Peckinpah et du Kitano là-dedans. C'est à mon avis une des meilleures écranisations des années 90, grâce aussi à un choix judicieux des locations de tournage (formidable et gigantesque épave sur les bords de la Mer Noire). Le plus impressionnant, ce sont les gueules des mafieux. La distribution fait des merveilles et donne au film une crédibilité souvent absente des films d'action russe.

Il y a deux exceptions toutefois. "Choustry" (Tkachev) , le beau gosse blond, passe mal dans son rôle de voyou. Il est tout simplement physiquement trop joli. Alien (Romanytcheva) déçoit un peu aussi... trop belle, trop lisse. Elle se donne du mal, mais ressemble trop à Milla Jovovich et ne parvient pas à me convaincre. Il faudrait quelqu'un qui sache faire suinter le mal à travers sa peau.

Le réalisateur Anton Bormatov montre qu'il pourrait être exploité avec plus de bonheur (il tourne surtout des séries sans intérêt). Il n'a pas atteint le niveau de Balabanov avec son Jmourki, mais son film se place aux côtés de Boomer, et devrait figurer comme dernier parmi les films cultes sur les années 90.

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