Les films de Loznitsa nous emmènent au fond du désespoir. Ca commence toujours mal, et ça finit dans une apothéose catastrophique (voir Ma Joie). Mais à la différence de son précédent film baigné d'un nihilisme radical, Loznitsa nous montre ici qu'en dépit de la fatalité, certains individus persévèrent à agir selon des principes moraux. Même si cela n'a pas de sens. Autrement dit, l'absurdité du monde est indiscutable. Elle est un fait. Néanmoins il faut vivre et mourir de manière juste. Le peuple traverse la guerre en prenant des coups de tous les côtés. La plupart se comportent comme des merdes ou des lâches, tandis que d'autres continuent dans la probité, ce qui les précipite vers une mort d'autant plus rapide et certaine.
Le film suggère plus qu'il ne dit cette morale. Il n'y a que très peu de dialogues, pas de musique, pas d'artifices. Loznitsa ne cherche pas à construire des montées d'intensité. L'issue est claire dès le début. Les plans sont longs, les pensées se lisent sur les visages des interprètes. La tragédie se noue dans nos têtes. Le spectateur doit tirer les conclusions lui-même.
J'ai vu le film un samedi soir, deux jours après la sortie moscovite. La salle était au deux tiers vide, tandis que des daubes remplissaient les autres salles à raz bord. S'il fallait une preuve supplémentaire de l'absurdité du monde...
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